La chronique de Jean-Claude SEGUELA

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Drôle d'histoire (à propos de notre blason)

A l’heure où les joueurs de tambourin, au sommet de ce sport national, européen et international font la promotion de notre village en arborant le blason de Cazouls d’Hérault, je vous fais part de mes recherches sur son origine.
Tout d’abord, nous étions quelques uns à penser que Lézignan, Paulhan et Usclas ayant le même "Y" que nous, il s’agissait d’une appartenance templière…

blason

Et bien, non ! Une cinquantaine de villages de l’Hérault ont ce même "pairle" qui divise le blason en 3 parties, jouant avec les couleurs, les losanges qui l’ornent pour les différencier. La réalité est bien plus matérielle et mérite d’être contée.
Figurez-vous qu’au temps de Louis XIV qui a tout au long de son règne (1643-1715) guerroyé - y compris, hélas, contre les Protestants - a été institué un armorial du royaume à les fins...financières. Les campagnes militaires coûtant fort cher, un génial conseiller du Roi eût l’idée de taxer lourdement et de rendre obligatoire l’enregistrement des armoiries existantes (Nobles et Grands de l’église), sous prétexte d’authentifier les lettres de noblesse mais aussi pour en créer de nouvelles et l’étendant aux paroisses (nos communes). Hélas, si les Grandes Familles en possédaient, il fallut proposer une représentation héraldique à toutes les communautés qui n’en avaient pas. D’où un catalogue de modèles à des prix différents selon la complexité ou non des symboles proposés. Du "marketing" avant l’heure !

C’est dans le sens de l’économie, que d’Abeilhan jusqu’à notre sérieux rival au "jeu de ballon", Vendémian, en passant par Cazouls-les-Béziers, nous nous retrouvons plus de cinquante communes à décliner cet Y, ce "pairle" losangé, "d’or, d’argent et de sable" est en ce qui concerne notre commune, sobre et du meilleur effet par rapport aux autres.
Qui a dit que l’histoire était un éternel recommencement ? La taxation ne date pas d’hier et tout gouvernement y a recours. Et comme l’on dit en occitan "CRIC E CRAC, LO CONTE ES ACABAT"

Un oublié de l'histoire de la Marseillaise : François Mireur

A l'heure où l'on espère que retentira la Marseillaise le plus longtemps possible dans les stades de la Coupe du Monde au Brésil, il m'a semblé opportun de conter l'histoire de notre hymne national.
Laquestion se pose de savoir comment un "Chant de guerre pour l'armée du Rhin" (ci-dessous) composé à Strasbourg le 25 avril 1792 par le capitaine du Génie Rouget de l'Isle a pris le nom de "Chant des Marseillais" puis "La Marseillaise" ? Pourquoi pas "La Strasbourgeoise" ou "La Montpelliéraine" ?
En effet, on doit sa transmission à un jeune médecin de Montpellier, François Mireur, ardent patriote, membre de la Garde Nationale de cette ville qui en avait pris copie sur l'Esplanade et fut chargé d'une mission à Marseille : la jonction des bataillons de volontaires Provençaux, Languedociens et Catalans à Pont St Esprit pour remonter sur Paris en juillet 1792. La Nation ayant été déclarée en danger et menacée par les armées des monarques européens, 20.000 hommes venus de tout le pays étaient attendus dans la Capitale pour se porter aux frontières.
François Mireur fut accueilli de façon enthousiaste par les Comités marseillais qui donnèrent un banquet en son honneur (rue Thubaneau) où il entonna d'une voix forte le chant guerrier de Rouget de l'Isle inconnu ici mais qui "électrisa" les convives parmi lesquels un gazetier qui en publia les paroles le lendemain dans "Le Journal des départements méridionaux". Comme une traînée de poudre le chant se répandit dans toute la ville et naturellement quand les 2 bataillons se rejoignirent dans la vallée du Rhône, ils eurent le temps de populariser l'hymne, y ajoutant même dans la Drôme un couplet dit "celui des enfants", le VIIème :"Nous enterrons dans la carrière quand nos aînés n'y seront plus ..."
C'est à la journée des Tuileries (10 août 1792) que les 2 bataillons s'illustrèrent et que la future Marseillaise eût le baptême du feu et reçut du peuple de Paris l'appellation "Chant des Marseillais". En effet, même si ces derniers étaient minoritaires en nombre, tous les accents du Sud pour les gens du Nord se ressemblent d'où ce qualificatif donné aux volontaires venus du Midi.

Oubliée aujourd'hui l'origine de l'intitulé. Oublié aussi, hélas, le nom de François Mireur, général de brigade à 28 ans, membre de l'État-major de Bonaparte qui mourut entre le Caire et Alexandrie le 9 juillet 1798 lors de la Campagne d'Egypte. Seuls un immeuble et un nom de rue à Montpellier portent le nom du propagateur de notre hymne qui sans lui n'aurait pas été transmis à Marseille ... Seul le nom de Rouget de l'Isle est passé à la postérité et au Panthéon des Grands Hommes de la République ....Pourtant accusé de royalisme avéré, ne faisant qu'une brève carrière, écrivant même un Hymne à la gloire de Louis XVIII lors de la Restauration, il ira jusqu'à regretter très tôt d'avoir composé ce chant devenu révolutionnaire malgré lui.
La vérité historique s'efface souvent derrière une légende dorée mais la République est comme le plus célèbre monument de Marseille une "Bonne Mère" qui pardonne les fautes de ses enfants ....
A noter : Par rapport à la version présentée dans l'illustration ci-contre où les "ci-devants officiers" commandaient aux soldats : "Marchez ...!", très rapidement l'impératif changea de personne et "Marchons ...!" fut adopté, car plus égalitaire pour les "soldats-citoyens" ! C'est tous ensemble qu'on marche sus à l'ennemi ...

Un centenaire oublié

Carte Postale montrant le combat victorieux au regard du monde, de la vigne contre le pain de sucre.

Un fait important est passé inaperçu à l'automne 2007.
Le centenaire de l'obligation de déclaration de récolte qui faisait suite aux événements de 1907 – loi obtenue le 29 juin.
Cette mesure que les viticulteurs demandaient était essentielle pour contrôler le volume produit et traquer ainsi "les fabriques de vin" de Bercy, de Sète ou de quelques négociants fraudeurs ajoutant à la surproduction. Une des causes de cette crise était le mouillage et le sucrage dénoncés par les producteurs lors des manifestations du printemps 1907 : "L'aiga a la font, lo sucre au sucrier" (*1)
C'est donc à l'automne que fût déclarée pour la première fois - à l'issue de vendanges catastrophiques (pluies continues et inondations) - la récolte de cette année terrible (mévente et intempéries).

A Cazouls ce ne sont pas moins de 106 déclarants (le cinquième de la population) qui inscrivent la quantité récoltée. 17.375 hectolitres sur une surface de quelques 355 hectares avec d'énormes disparités.
3 gros propriétaires, le Comte d'Espous 5.760 hl, la Comtesse de Saint Germain 3.670 hl, Auguste Olivier 2.900 hl., qui a eux seuls totalisent 12 330 hectolitres!(*2)
Beaucoup de petits et moyens propriétaires et d'ouvriers agricoles déclarant de 875 à 7 hl ! (*3)
On voit dans ces chiffres toute l'importance de cette monoculture qui faisait vivre le village. Par comparaison la déclaration de 2007 : 12 déclarants, 5.000 hl environs sur quelques 66 hectares montre le déclin de cette activité en termes d'emploi et de volume, mais on le sait une révolution qualitative menant à l'excellence. Les vins d'aujourd'hui n'ont plus rien à voir avec ceux de 1907 ! Que le millésime 2008 atteigne des sommets pour notre plaisir et notre santé. (*4)
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*1 - Inscrit sur des pancartes, ce slogan "L'eau à la fontaine, le sucre au sucrier", dénonce les pratiques frauduleuses d'alors.
*2 - L'importance des caves et bâtiments d'exploitations en témoigne encore.
*3 - Chiffres extraits des archives communales déposées aux Archives Départementales année 1907. On peut cependant consulter en Mairie la liste des 106 récoltants de Cazouls.
*4 - À consommer avec modération, associé au régime méditerranéen, le vin a une action bénéfique antioxydant, anticholestérol...
J.C SEGUELA co-auteur avec Jean SAGNES de LA REVOLTE DU MIDI DE 1907 de A à Z, aux éditions ALDACOM

.G.V. - Section communale des vignerons de Cazouls d'Hérault
Souscription publique en faveur de Marcellin ALBERT

1907 : A propos de Marcelin ALBERT .
Le baptême du "Camin*) Marcelin**) ALBERT " pour commémorer le centenaire des mouvements viticoles de 1907 et honorer son leader charismatique, n'est pas un hasard. Ici même une souscription publique non datée de quelques 48 donateurs en faveur de Marcelin ALBERT s'élevait à 88 francs 75. Cette aide allait à ce défenseur de la viticulture qui avait sacrifié son activité pour se consacrer à cette immense tâche et avait fini par être "lâché" après son entrevue avec Clémenceau et sa sortie de prison. La section communale des vignerons de Cazouls très en pointe lors des manifestations fut solidaire jusqu'au bout avec Marcelin ALBERT, lui octroyant 20 francs or à elle seule. Cela méritait d'être souligné autant que la fidélité de la commune à son histoire ou son passé, cent ans après.
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*) prononcer "cami", **) Marcelin (graphie occitane un seul L)

Comité pour la mémoire Louis Paulhan et du centenaire du vol Londres - Manchester

Les Amis de Pézenas, Jean-Claude Séguéla et un Comité pour sa mémoire œuvrent pour qu’un fleuron de l’aviation oublié en France, Louis Paulhan, né à Pézenas le 19 juillet 1883, soit reconnu à sa juste valeur. texte PDF Biographie Louis Paulhan
A Cazouls d'Hérault deux maisonnettes donnant sur le Plan Neuf sont le berceau de la famille de cet aviateur. Une plaque est apposée sur la maison et un descendant de la famille Paulhan y réside toujours. La municipalité qui soutien ce projet, a accueilli le Comité pour la mémoire de l'aviateur Louis Paulhan. Reçue par le Maire Henry Sanchez et Haude Vigneron, 2° adjointe, les Amis de Pézenas, des représentants de nombreuses associations piscénoises, des Cazoulins , des descendants de la famille Paulhan ont travaillé sur un calendrier de manifestations qui en 2010 auront pour but de rappeler le rôle éminent de ce pionnier de l'aviation française. De nombreux projets sont en effet prévus à Pézenas, dans le Nord, à Manchester... mais aussi à Cazouls qui ont pour thème la commémoration du centenaire du vol Manchester-Londres par lequel Louis Paulhan à gagné en 1910 le très convoité prix du Daily Mail doté de 10 000 £.
Une exposition de documents originaux lui fut consacrée à la Médiathèque du village du 22 au mardi 29 décembre. Une visite guidée le 29 décembre à 17h suivie d'une conférence par Jean-Claude Séguéla clôtureront la manifestation.
texte PDF Louis Paulhan "l'homme vent"

Quand refleurit la langue d'Oc

En affichant ce double panneau aux entrées du village, Cazouls*) d'Hérault rappelle pour cette graphie occitane "CASOLS D'ERAU"* son appartenance au Languedoc.

En effet, il n'y a pas de "z" dans la langue des troubadours, un seul "s" entre deux voyelles (comme en français d'ailleurs) traduisant ce son.
Quant au "o", il a valeur de "ou" quand il ne porte pas d'accent grave. Que dire de cet accent aigu sur le "à" qui est un accent tonique car la langue d'oc, bien antérieure au français, est restée fidèle au bas latin que les conquérants romains imposèrent en Provence et dans la Gaulle Narbonnaise.
Ainsi, comme le faisaient les Cazoulins au siècle dernier, il faudrait prononcer "caz" suivi d'un "ouls" atténué.
De même d'ERAU ("éraou") est la forme fidèle à la forme romaine d'Arau "fleuve aurifère" transportant des paillettes d'or (encore recherchées à Saint Bauzille de Putois) : "L'erau carreja d'or" dit le proverbe.
Ce n'est pas pour jouer les savants que je rappelle cette étymologie, mais simplement rendre à César ce qui lui appartient !
L'antériorité de l'occitan doit être reconnue et il serait utile dans les noms de lieux, tènements, compoix (cadastre ancien) conserver cet héritage qui "colle" davantage à une réalité oubliée, plus pittoresque, plus réaliste quelquefois que l'orthographe française qui masque, qui ignore notre langue, ses us et ses coutumes.
Ainsi pourrait-on rétablir avec l'aide des anciens détenteurs de cette précieuse mémoire locale, un petit lexique à l'usage des générations à venir. Y associer les enfants de l'école (enquête par exemple) en assurerait la pérennité.Je vous livrerai pour terminer une anecdote car j'avais eu l'occasion de relever dans 2 ou 3 villages du Gard et de Lozère : un chemin des Trépassés à l'opposé du cimetière et n'y menant d'ailleurs pas !
Certes l'on connaît la baie des Trépassés en Bretagne, loin de tout cimetière, mais ici sans rapport avec les drames de la mer ! Il suffisait de consulter le cadastre ancien du village pour comprendre que ce "camin de tres passes" avait été "baptisé" si j'ose dire, "chemin des trépassés" par un secrétaire de mairie ignorant l'occitan et par la même dénaturant le caractère de ce petit chemin "de 3 pas" qui ne menait certes pas très loin, mais Dieu merci pas au cimetière !
Le chantier linguistique est ouvert et j'en appelle aux bonnes volontés pour mettre en commun, établir, rétablir cette saveur des noms occitans qui n'est ni plus, ni moins la défense d'un terroir à nul autre pareil.
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*) en latin Casulae - cabane, genre maset de pêcheur dans une zone alors marécageuse

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