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De tous les précurseurs, Louis Paulhan fut l'un des très rares à avoir su maîtriser la machine à voler sous tous ses aspects : mécanicien
sur dirigeables, fabricant de modèles réduits, audacieux pilote, vedette des premiers meetings, fondateur de la première école de pilotage d'hydravions, il sera
le constructeur d'appareils nouveaux, des premiers hydravions jusqu'aux malheureux Dewoitines, à la veille de la Seconde guerre mondiale.
En juillet 1909, Louis Paulhan participe au premier meeting aérien jamais organisé dans le monde, à Douai précisément, pour se mesurer aux "As"
de l’époque que sont ses glorieux aînés : le capitaine Ferber et deux autres Louis, Bréguet et Blériot, ce dernier originaire de Cambrai, qui entend
rester maître de son espace aérien. Brûlé lors de ce meeting, Blériot passe son plan de vol à son rival et néanmoins ami, qui va donc réaliser
l’exploit.
Le 19 juillet 1909, Louis Paulhan va relier, pour la première fois, les 2 villes, voisines de 22 Kms, en 22 minutes et à 50 mètres de hauteur, sur un biplan Voisin, équipé
d’un moteur Gnome de 50 cv. Cette victoire revêt une importance particulière, car à partir de cette date, Louis Paulhan sera sollicité de toutes parts : Vichy,
Reims, Lyon, mais aussi Gand, Ostende, Milan, pour figurer dans de véritables démonstrations de virtuosité aérienne, qui attirent des milliers de spectateurs enthousiastes
qu’il faut contenir autour des héros du jour. Cette situation peut être comparée à celle des vainqueurs de tours cyclistes, qui ont des engagements en cascades
ou bien aux pilotes automobiles, tant les cachets peuvent être fabuleux. En effet, de meeting en meeting, le jeune Paulhan va battre des records d’altitude, de distance, de lenteur
(le plus difficile) et doté du brevet n°10 – c’est dire son antériorité en France- il devient l’incontournable "Homme Vent", tant sa connaissance
des courants ascensionnels est grande.
Il marquera l’aviation de son temps, dès 1910, en janvier, où il débarque avec une véritable écurie (deux autres jeunes pilotes qu’il a formés,
des mécaniciens) à New York, pour rejoindre en train, avec ses 4 appareils démontés (2 Farman, 2 Breguet), Los Angeles sur l’autre côte, où il
doit remplir un engagement faramineux de 7 mois, à 100 000 francs mensuels ! Exploit sans précédent lors du premier meeting international jamais tenu aux Etats-Unis, à
Los Angeles, où une foule immense admire le jeune français aux yeux bleus et à l’allure juvénile, qui pulvérise son propre record d’altitude
1269 mètres (qu’il gardera 2 ans) et qu’elle nomme "Le Roi des Airs". Puis viendront les réunions ou meetings géants, comme San Francisco (200 000
spectateurs), Denver, Salt Lake City, Chicago, le Texas et enfin la Nouvelle Orléans, la dernière étape avant son départ précipité pour l’Europe,
suite à une plainte de "piratage industriel" déposée par les frères Wright à l’encontre des frères Farman, dont il pilote deux exemplaires.
Qu’à cela ne tienne, Louis Paulhan réalise en avril un exploit encore plus retentissant, en Angleterre, où gagne le prix extraordinaire de 250000 francs or, offerts
par le Daily Mail à l’aviateur qui relierait Londres à Manchester, avec une seule pause permise.
Pour en mesurer l’importance, il faut savoir que les états-majors anglais, français et allemands suivent ce raid avec des arrières pensées belliqueuses (nous
sommes 4 ans avant le déclenchement de la première guerre mondiale) ; le tsar Nicolas II lui-même se fait tenir au courant de la course, heure par heure !
Oui, Louis PAULHAN fut bien l’homme de cette année 1910 et les manifestations du centenaire de ce vol vont lui rendre hommage.
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